Dans le brouillard
Dimanche, j'ai traversé ma ville, bien avant qu'il n'y ait un brin de lumière dans le ciel.
Il était un peu plus de six heures, et je voulais me trouver à quelques kilomètres de Roanne afin d'attendre le lever du soleil.
Un cycliste m'a dépassé dans le centre de Roanne en me souhaitant un "bonsoir". J'ai supposé que le jeune homme n'avait pas encore fait sa nuit. Je me suis ensuite arrêtée quelques minutes sur le pont de la Loire afin d'écouter les premiers battements d'ailes des canards et des poules d'eau.
Un monsieur passe, et le voilà qui me dit : "pas encore couchée" ? J'ai pensé que décidement les soirées du samedi soir faisaient oublier un peu, les lendemains.
De quoi sourire de très bon matin.
Après environ six kilomètres de distance, j'ai un peu vagabondé sur le bords des chemins. C'est une campagne toujours endormie qui m'a accueillie.
Un silence impressionnant et très agréable durant un temps interminable.
Pas de piétons de ce côté-ci... ayant oubliés de se coucher...
J'ai butté sur le brouillard à un moment donné.
Il faut dire que dans les environs de Commelle-Vernay il y a pas mal d'étangs. Nos barrages, et le lac de Villerest déroulent de l'humidité eux aussi. D'où cette particularité dans notre région.
Curieusement j'aime cette brume qui s'élève du sol. Flottant ou posé comme un drap transparent, ce brouillard m'attire énormément.
Il laisse sur la végétation des gouttes minuscules qui la fait scintiller.
La nature s'éveille doucement, à travers ces blanches voilures. Elle s'agite un peu, frémit de la fraicheur matinale. Puis se secoue pour prendre la nouvelle journée comme elle vient
C'est ce qu'on appelle être dans le brouillard.
Je n'étais pas tout à fait seule dans ma jolie campagne. Ces dames vaches ont réussi à m'apercevoir même si j'étais autant enveloppée qu'elles, de cette légère fumée raffraichissante.
Elles devaient se demander qui était cette voyageuse solitaire. Je devinais leurs regards remplis de curiosité et de flegme. Elles n'ont tout de même pas osé avancer, bien que je les ayant appelé. Trop dur le matin pour s'activer à pareille heure.
Petit à petit, l'aube a pointé son nez. Déjà la lumière du jour annonçait la venue de l'astre du jour.
Se dessinaient les formes et les courbes. Même des brins de couleur commençaient à teinter quelques surfaces libres.
Les oiseaux se sentent heureux, qu'ils frétillent déjà, entre le feuillu des fourrés. J'entendais même les vaches ruminer. Dans un tel désert ambiant, tous les petits bruits s'installent princiers. Rien n'échappe à l'oreille.
A tire d'ailes s'envole un canard, un couple de buses, et les corneilles déjà, tournoient au dessus des champs...
Avant que n'éclate le premier rayon, je pousse un peu plus loin mon vélo afin d'être aux premières loges. Avec cette fine pélicule de brume, le soleil apparaitra sans doute stupéfiant, à mes yeux.
Les levers sont d'une telle beauté eux aussi. Il suffit juste d'être là à l'instant où le premier éclat jaillit de l'horizon.
Flâner dans un cadre aussi apaisant à de quoi remettre un moral à neuf.
Rien que la nature et nous !
Je continue donc mon chemin, pour la rencontre tant attendue...