Les porteurs de soleil

Publié le par sonja


Comme chaque jour, les hommes se tenaient sur la place du village. Ils discutaient du phénomène. Leur inquiétude grandissait de plus en plus. Ils avaient beau interroger les étoiles et les planètes, celles-ci restaient muettes. C'est que s'adresser au ciel, ce n'était pas chose facile. Surtout lorsqu'on a passé son temps d'homme à ne penser qu'à sa petite personne. Il suffisait d'un tout petit grain de sable, qu'aussitôt on levait les yeux vers le haut.
Mais cette fois-ci, l'heure était grave. Les enfants le savaient mieux que personne. Eux, ils jouaient tout le temps avec les fleurs, les pierres, les rivières, les feuilles et les animaux. Ils regardaient leur parents tout en se demandant ce qu'ils pourraient faire...
Bien sur, on ne vous a pas encore averti.
Vous ne savez pas pourquoi leurs yeux s'interrogent ?
Vous n'étiez donc pas au courant ? Pourtant, avec les moyens de communications très sophistiqués que nous avons aujourd'hui, c'est un jeu d'enfant que de tout savoir.

Approchez ! Venez, on va vous raconter...

Il y a déjà neuf jours que le soleil a disparu dans un dernier flamboiement de nuances chaudes. Il a laissé derrière lui ses éclats feux. Tiens, il était serré entre deux passages nuageux.
Ils s'en souviennent encore.
Son cercle était d'une belle boule d'or.
Sur les océans il a laché sa trace lumineuse. Même le ciel s'est habillé d'orange fluorescent.
La terre a commencé à s'assombrir. Plus de couleurs. Le vert s'est évaporé. Les forêts sont devenues aussi noires que des grottes. Les fleurs ont toutes perdues leurs nuances étincellantes.
Ah, comme il faisait beau se promener dans les champs vibrants de teintes différentes.
Tenez, même les insectes avaient une belle lumière pétillante sous l'effet des rayons.

Depuis, plus personne n'a revu sa majesté le soleil. Il commence à manquer terriblement.
Il fait si froid sans lui.
Une nuit étoilée c'est magnifique. Les constellations nous enchantent. Quand à dame lune, c'est l'amie de nos nuits, lorsqu'elle sort à son tour.
Mais là, c'est une vraie catastrophe que ce soleil qui s'en est allé. Personne ne sait où il se trouve. Aucune nouvelle nous est donnée à ce sujet.
Les enfants du village ont décidé d'agir. Leurs pères ne font que discuter, comme d'habitude. Il parait que c'est de la politique ça. Mais même les jolis discours ne sont d'aucune utilité, si on reste à attendre l'improbable retour,.
Tous les enfants rentrent préparer leurs sacs à dos, pour le long voyage. Ils ont décidé de ne pas rentrer avant d'avoir trouvé sa majesté le Soleil. Si on le leur avait volé, il le délivrerait de sa prison. Il le ramènerait.
C'est ainsi que deux poignées d'enfants prirent le chemin de la forêt. Lampes en mains, ils s'enfoncèrent dans la campagne.

En plein coeur du sous-bois, ils entendirent des murmures. Ils s'approchèrent doucement pour ne point interrompre la discussion. Une petite assemblée d'animaux se tenaient en cercle. Ils voulaient comprendre ce qui se passait sur leur planète Terre. Tous se retournèrent à l'approche des enfants. Leur ouie discerna leurs pas humains.

- Que venez-vous faire ici jeunes gens. ?.. interrogea la renarde
+ Nous sommes à la recherche du soleil. Il manque à nos journées et aux fleurs
- Vous pensez peut-être qu'il ne nous manque pas à nous aussi ? ... dit le castor
Les enfants se regardèrent. Il avait raison. Les animaux avaient besoin de lui. Ils avaient perdus la notion du temps. Ce qui créa quelques malaises.
Les marmottes s'écrièrent qu'elles n'avaient pas besoin du soleil elles. Dans leurs terriers elles ne voyaient jamais la lumière. Elles pouvaient bien s'en passer décidèrent-elles.
- Espèce d'égoïstes s'exclama la chouette. Est-ce que moi j'ai besoin de lumière pour me diriger ? Nous ne 
   sommes pas seuls au monde mesdames. Cessez donc de dire des bétises.
- Ca va ! croassa le corbeau... Nous n'allons tout de même pas nous déclarer la guerre...
+ Tu as raison maitre corbeau. Organisons donc une battue. Nous pourrions même prendre des fusils pour
   eliminer le voleur de soleil
- Doucement là mon petit. Ca, c'est le sale boulot des chasseurs. Nous, nous prendrons les armes de la douceur.
  S'il y a un ennemi ici, ou sur la planète c'est le sieur "Violence". Tu ne veux tout de même pas lui ressembler ?
  En plus, tu serais laid.
- La souris dit encore... Partons et interrogeons tous ceux que nous rencontrerons sur notre chemin.
  Avant, alertons tous les animaux de la planète. Ils nous aideront à mieux chercher.  Et dans tous les recoins.
- Comment ferons-nous pour les avertir ?... demanda l'autruche.
- Que vous êtes sotte ma bonne dame. Les oiseaux n'ont-ils point d'ailes ?

Ainsi fut-il fait ! On envoya tous les éclaireurs disponibles sur la surface de la Terre. En une seule journée, on parlait déjà de l'affaire.
De mémoire d'homme on ne vit jamais autant d'animaux réunis pour le grand voyage.
Les hommes attendaient ils ne savaient quoi... et s'ennuyaient beaucoup. Il faut dire qu'ils ne faisaient plus la guerre à leurs voisins. Tous les hostilités furent arrêtées. Les ténébres de la terre les surprirent dans tous leurs combats.
Les enfants étaient les plus heureux. On ne déversait plus de bombes sur leurs villes.

Même dans les océans et les mers, les poissons étaient mis à contribution. Ils frétillaient du bonheur de se savoir utiles. Les ailes des papillons, des abeilles, des bourdons et des oiseaux s'entendaient à mille lieux à la ronde.
Les sabots des chevaux, et ceux de tous ceux qui en portaient faisaient vibrer le sol.
Même les animaux domestiques battent les sentiers. Chiens et chats se tiennent la patte pour fouiller dans les coins les plus retirés.

Toute cette agitation attira le regard des constellations. La voie lactée changea sa route tant elle était surprise.
Les planètes se rapprochèrent un peu plus.  Elles voulaient voir se qui se passait.  La lune elle même eut le vertige, en tournant plus vite que d'ordinnaire. Ca bougeait dans tous les sens sur la planète et elle voulu en savoir plus.  Et comme elle éclairait à peine son espace, elle eu du mal à bien voir ce qui faisait tant danser les petites choses de la planète Terre. Decidemment, les humains et les animaux étaient en pleine effervescence.
Les étoiles comprirent très vite que l'heure était grave.
C'est pour cette raison qu'elle tombèrent en pluie sur la planète. Autour des enfants se pressèrent. Surpris, ils furent prit d'émerveillement. Une petite étoile dans chaque main, ils reprirent leur marche.  Sur le sommet le plus haut de la terre firent une halte. Tout comme les étoiles le leur demandèrent.
C'est là qu'ils aperçurent sa majesté le Soleil, rasant la montagne, et se cachant dans une forêt de sapins.
Les yeux des enfants brillèrent si fort, qu'ils semblaient à leur tour, scintiller comme une étoile.
Ils étaient si heureux de se sentir en émotion pour les rayons du soleil. Ils rirent et pleurèrent en même temps.
Ils ne purent détourner le regard tant ils se sentirent fort de leur découverte.

Sa majesté les vit et se fit un peu grognon. Ils durent expliquer leur tristesse de ne plus le voir faire sa tournée.
Le Maitre du jour expliqua qu'il en avait assez de se plier à cette règle pour des petits humains égoïstes et oublieux.
- Vos pères ne prennent que ce qui les interesse de moi. Voyez dans quelle désolante situation est la nature.
   J'ai parfois honte. Ou bien la colère me monte au nez. Ils ne m'ont rien épargné, moi qui observe depuis si haut
   vos faits et vos gestes.
+ S'il vous plait monsieur Soleil ! Que faites vous de la faune et la flore ? Ils ne sont pas responsables et pourtant
   vous les privez de la vie. Eux aussi ils commencent à s'éteindre.
- Ah, non ! N'inversez pas les rôles mes petits.
+ Et nous, nous aimons vous voir nous éclairer et nous réchauffer. Dame nature est bien plus belle lorsque
   vous lui tenez compagnie. Elle est d'humeur chagrine depuis votre départ.
   C'est grâce à vous que nous avons de la couleur sur la Terre.

Les étoiles se mirent à faire une jolie farandole autour du Soleil.  Elles le caressèrent avec douceur. Lui offrirent leurs plus magnifiques sourires.
Ces petites impertinentes allaient le faire craquer pensa-t-il. Et plus il les regardait, plus il se sentit fondre d'amour pour ses soeurs les étoiles. Il ne résista  pas plus longtemps à la supplication...
- Allez, rentrez chez vous. Demain matin je serais au rendez-vous. C'est donc pour tous les enfants de la terre que
   je continuerais de briller. Je vous réchaufferais, et je ferais sortir les couleurs.
Pris d'une joie sans borne il se précipitèrent pour étreindre le soleil.
Mais celui-ci les arrêta, en les sermonant. Comment peut-on embrasser le soleil sans se brûler. ?
Oui, c'est vrai. Qui a jamais embrassé sa majesté le Soleil ?

Ils dévalèrent la montagne tout remplis de joie. Ils firent exploser celle-ci durant le retour. Tous les chemins traversés, ils crièrent la bonne nouvelle.
Leurs parents les accueillirent avec une grande inquiètude. De nombreux jours étaient passés depuis leur départ.
Ôn ne les gronda même pas.
Ils gardèrent leur secret. Ce serait une surprise pour tout le monde...

Le lendemain, les premières lueurs du jour levèrent le crépuscule. L'aurore dit bonjour à la nature.
Tous les enfants du monde attendaient cette nouvelle naissance. Les minutes leurs parurent longues. Interminables.
Quand tout à coup, au dessus de l'horizon, le premier éclat fit son entrée. Puis un second.
L'astre du jour commença son ascension. Tous ses feux scintillèrent à l'unisson. Tel un rubis, le rouge s'imposa autour de sa Majesté. Ses facettes précieuses lancèrent d'éclatantes perles colorées. Puis le soleil couru sur les courbes de la chaine montagneuse. Il s'embrasa. Tel un feu, il lècha l'espace parcouru.
Jamais de mémoire d'enfant ils ne virent de plus beaux dégradés.
Ils leurs sembla même que le soleil leur fit un clin d'oeil. Ils rirent vraiment de cette absurde pensée.

Toute la végétation offrit ses verts et ses fleurs. Les rivières, les lacs et les mers prirent la teinte des bleus et des turquoises les plus purs. Savoureuse nature. Tous les animaux de la Terre dansèrent d'un bonheur retrouvé.
Mille lumières scintillaient sur la planète. Sa beauté en semblait rehaussée. On organisa une grande fête, en tout lieu.

Depuis ce jour là, les enfants semblent avoir des larmes dans les yeux dès qu'ils sourient. Leur regard a ce petit pétillant du diamant. Il éclate d'une eau qui réfléchit la lumière. Même la plus petite.
Toutes les étoiles du ciel sont entrées dans leurs pensées.
Lorsque vous verrez un enfant le regard lointain, le sourire dans les yeux, c'est qu'il a du soleil plein la tête.
Un enfant plein de soleil dans la tête, c'est du bonheur pour son enfance.

Doucement. Ne bousculez pas les enfants. Soyez doux, autrement le soleil quittera ses pupilles.
Car sa Majesté n'aoublie pas que c'est grâce aux enfants qu'il a consenti à revenir...
Le sourire d'un enfant, c'est l'éclat de la lumière.
Ne leur volez pas leur soleil. Ils sont si magiques lorsqu'éclatent les rayons du bonheur.



Publié dans Contes... racontes...

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A
Bon jour Sonja.je suis captivé par ce texte; un jour, je t'inviterai à en écrire un de semblable sur mon blog ( et je te ferai un peu de pub au passage). C'est toujours un dilemme pour moi de faire un commentaire. Où le mettre? sur quel article?Tu me diras ce que tu penses du livre d'El Aswany, une fois que tu l'auras lu.je t'embrasse et un bon we à toi.
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A
Azul,Hier, vers les coups de 15 heures, c'est tout mon blog, chacun de ses recoins, qui a été inondé de soleil. C'est beaucoup de chaleur pour une journée maussade de Bretagne.tendres bisous.Tanemirt.
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A
Que le soleil brille toujours et toujours pour tous les enfants du monde ! Eux savent prendre ses rayons pour en éclairer leur coeur et leurs yeux !Que de douceur et de vérité dans ce texte ! A ton image Sonia !Grosse brassée de bisous !PS: J'étais en train de me dire qu'il manquait une table dans la chambre d'amis pour accueillir tes écrits.
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N
Tu as bien raison,le soleil est dans les yeux des enfants et c'est par ses yeux que l'on voit presque tout...Ton petit indien doit être heureux d'avoir une mamie qui raconte de si belles histoires si actuelles.Toute mon amitié sonia et A+
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O
tu as raison, seul les enfants arriveront a faire que le soleil ne disparaitra pas.Je suis un peu absente des blogs, mais ici j'ai plus de mal a venir sur internet, je profite de on ado au maximum avant qu'elle ne repartegrosse bises Sonia
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