Terre nourricière (Nouvelle-Calédonie)
Sur la côte ouest, le regard se perd entre le lagon et les grandes plaines agricoles qui flirtent avec les massifs miniers. Ces montagnes riches en nickel séparent l'ile en deux, dans le sens de la longueur, et forment la chaîne centrale. Les villages de colons parsèment la longue bande de terre célédonienne, de la pointe sud au grand nord, alternant avec les tribus, villages traditionnels kanak. Les marques de leur présence sur l'ile datent de 3 000 ans comme l'ont révélé les poteries Lapita.
Les Mélanésiens ou Kanak, se sont installés progressivement sur l'ensemble de l'archipel calédonien, du bord de mer au centre de la chaîne. Organisées en clan, les grandes familles Kanak vivent en tribu où prime la vie communautaire.
Pour le peuple Kanak, la nature est toujours intimement liée à la spiritualité. Ainsi de leur savoir-faire de jardiniers, de chasseurs ou de pêcheurs se mêlent des rites traditionnels restés très présents.
Certes, la société mélanésienne actuelle a dû abandonner nombre de ses pratiques d'autrefois. Le colonisateur, au nom de sa propre éthique, a mis fin aux guerres tribales et a démembré l'espace vivrier Kanak, dès son arrivée, au XIXe siècle. A la même époque, les missionnaires ont tenté de dissuader les Kanak de maintenir leurs croyances et les ont découragés de sculpter des éffigies en mémoire des ancêtres. La plupart des masques, poteries et autres objets d'une grande valeur esthétique et culturelle ont été détruits ou bien ornent aujourd'hui les musées d'Occident. Mais, dans les réserves où ils furent refoulés et parqués pendant la colonisation, les Kanak ont fait vivre des pans entiers de leurs savoirs naturalistes, de leur conception du monde. L'acquis millénaire s'est perpétué, et s'est aussi transformé, au contact de la civilisation occidentale telle qu'elle a été exportée outre-mer par la brutale logique du colonialisme.
Ici, la végétation est reine et, comme dans toutes les tribus du pays, on se partage les terres, les terres appartiennent aux clans et se répartissent dans les familles.
Dans la conception Kanak, le monde végétal tient une place profonde. Chaque plante et chaque arbre possèdent un sens, une fonction, un statut.
Depuis des siècles, l'environnement s'est progressivement modifié par l'action du feu, qui permettait de créer des champs ou d'ouvrir des sentiers de chasse dans la forêt. Les conséquences sur le mode de vie des tribus sont aujourd'hui importantes. Les ressources s'appauvrissent. Les populations d'oixeaux et de roussettes, les grandes chauves-souris frugivores, sont menacées par la disparition de la végétation. Sans compter que les cours d'eau s'assèchent, les forêts n'étant plus là pour jouer leur rôle d'éponge.
Ainsi le nouveau mot d'ordre des tribus étant de planter des arbres.
Lors de cérémonies de mariage, de deuil ou de naissance, on s'échange les ignames. Sa culture rythme le calendrier des hommes qui s'y réfèrent pour organiser leur vie. Arrivé à l'âge adulte, le fils reçoit de son père des plants d'ignames pour faire, à son tour, son champ. Mais à Gohapin, les habitants se sont donné pour objectif de reconstituer la forêt. D'où l'apparition de pépinières. Cela montre l'évolution du rapport du Kanak avec la nature.
En ce lieu, les pieds des pamplemousses, cocotiers, manguiers, letchis, avocatiers, bananiers, taros, manioc et de chouchoutes rivalisent en production. Une bien jolie et délicieuse façon de s'entourer, prêt de sa maison.
Le reporter n'a pas dû d'ennuyer lors de sa visite guidée en lieu et place.
En plus de la beauté et l'esprit de coopération des anciens, pour que continue de vivre la coutume en relation avec la nature, c'est bien une terre riche dès qu'on lui permet de s'exprimer.
J'irais bien y cueillir quelques fruits au goût de "soleil" !
Une autre richesse de l'île. Sa pharmacopée.
La médeceine traditionnelle était autrefois un des éléments d'échange au sein des tribus. Les connaissances se meurent petit à petit et les scientifiques travaillent aujourd'hui à récolter ce savoir empirique.
Terre Sauvage nous renseigne sur le fait que deux chimiste, collectent les information sur le terrain et les associent à leurs connaissances scientifiques. L'objectif de leurs recherches est de construire un pont entre traditons et sciences naturalistes. Grâce au savoir des "anciens" et aux travaux de transcription des missionnaires indiquant les effets obtenus par les plantes, ils recherchent les causes et mécanismes d'action.
Les paysages sont fabuleux et offrent des décors superbes. Mais il suffit de plonger en profondeur au milieu de ses récifs pour découvrir d'autres richesses...
Sa barrière de corail laisse rêveur même les plongeurs les plus aguerris... ce sera donc le prochain volet qui à son tour viendra se dessiner sur ces pages.