La Nouvelle-Calédonie
Durant un certain temps je vais vous conduire du côté de mon île du bout du monde. Celle qui me fait encore rêver après tant d'années.
Je vous invite donc à un lever calédonien dans la douceur matinale sur un fond de température déjà intense. Lorsqu'on est à Nouméa, on peut facilement voir l'océan nous entourer de son espace s'échappant au delà de l'horizon. En attendant, regardons de plus prêt ce délicat frémissement de l'eau encore dans le bleu marine...
Je vous emporte avec moi sur le "caillou" pour un vrai dépaysement aux bleus variables selon l'humeur du Roi "Soleil".
Caillou... laissant supposer celui posée sur un écrin chez un joaillier ? Ce doit être cela.
La Nouvelle Calédonie est l'une des plus belles pièces de l'Océan Pacifique.
Ces derniers jours la terre a tremblée de ce côté là. Chaque fois que le sol tremble dans les profondeurs océaniques, la Nouvelle-Calédonie se souvient qu'elle n'est qu'un fragment du gigantesque puzzle de plaques terrestres. Un plancher morcelé dont les extrêmités s'affrontent depuis la nuit des temps.
A l'origine, les roches calédoniennes contiennent moins de 1% de nickel, mais ce taux va doubler, tripler, voire décupler par endroits. Puis le tapis minéral qui recouvre la Grande Terre se morcelle en différents îlots, osus l'action de l'érosion, créant les massifs miniers, au pied desquels se dessinent les grandes vallées de la côte ouest. Bien que d'autres métaux sont découverts, seul le nickel restera sur le devant de la scène.
En Nouvelle-Calédonie, les sols sont tellement riches que l'on peut parler de "géodiversité", laquelle est finalement le substrat de la remarquable biodiversité de la flore et de la faune calédoniennes.
La découverte du nickel, au XIXe siècle, laisse entrevoir un avenir plutôt prometteur à la jeune colonie française. La folie de l'éclatant métal s'empare du pays en 1876 et attire des chercheurs du monde entier. Des sites d'exploitation s'ouvrent un peu partout et la première usine de fusion est créée à Nouméa.
Toutes les ethnies venues pour travailler, ajoutées au peuplement mélanésien, aux français descendants de bagnards ou de colons aventuriers, ainsi qu'aux immigrants océaniens, donnent à l'île le visage d'une terre métissée.
C'est ainsi que le nickel, indispensable à la fabrication de l'inox, génère, depuis plus d'un siècle, une intense activité minière et assure de confortables retombées financières.
Au delà des questions économiques, il endosse unedimension hautement politique.
L'exploitation minière a tout de même un prix. Celui de l'environnement.
La flore s'est pourtant adaptée à ces conditions extrêmes et parfois toxiques, et s'y maintient grâce à l'absence de compétition avec les plantes "modernes". Certaines plantes peuvent contenir jusqu'à 3% de nickel. Le latex de l'arbre à nickel, à la sève bleu vert, en contient même 20%. La Nouvelle-Calédonie se place au cinquième rang des territoires les plus riches au monde en termes de biodiversité. Pour les plantes, plus de 3 500 espèces ont été recensées, avec un taux d'endémisme de plus de 80% pour une surface de 20 000 km2.
Sur terrain minier, les chiffres défraient même la chronique : neuf plantes sur dix sont endémiques.
La naissance de l'île a donné lieu à la création de nombreux écosystèmes : la forêt humide, peuplée de kaoris, de houps et de grandes fougères arborescentes. Ensuite, la forêt claire et ses pins solonnaires, chênes-gommes et autres feuillus. Puis la forêt sèche. Le maquis minier et ses plantes arbustives. Les savanes qui résultent de la destruction de la forêt dense par les feux de brousse. Et enfin, la mangrove qui cerne les deux côtes et le milieu marin dont la ceinture corallienne, marque les anciens rivages de l'ère glaciaire.
Depuis, les milieux naturels ont été fragilisés, par la mine, par le feu et par une multitude d'espèces introduites par l'homme.
Positionnée au nord du tropique du Capricorne, la Nouvelle-Calédonie est soumise au courant des alizès et bénéficie d'un climat relativement tempéré. Séparées par la chaine centrale, les deux côtes vivent différemment. La côte est se fait arroser les pluies tropicales une bonne partie de l'année. La côte ouest, où soufflent les alizés, voit ses vallées se craqueler durant la saison sèche.
La végétation est le reflet de ces conditions : les forêts sèches dominent à l'ouest et les forêts tropicales humides au centre et à l'est. La saison la plus redoutée est celle des dépressions tropicales et des cyclones, de janvier à mars. Ces dépressions prennent naissance au-dessus des eaux chaudes et peuvent devenir des cyclones de forte intensité. Des spirales de nuages prennent alors forme, tournoyant sur elles-mêmes et générant des vents moyens de 150 à 200 kim/h, avec des rafales atteignant 300 km/h. C'est assez impressionnant, même si les deux auxquels il m'est été donné d'assister, ne furent rien comparés à celui nommé "Erica'", en mars 2003. Il y eu deux morts, 120 blessés et 2 500 personnes sinistrées.
Le prochain volet vous parlera de la civilisation Kanak...
Avec Terre Sauvage je me sens toujours en voyage...
En attendant vous pourrez goûter à ces trois photos empruntées !
