Ourlets de feuilles
C'est le temps où s'effeuillent toutes les coiffures. En plumes ou en permanentes, leurs lachés s'envolent ou coulent dans les rivières. Celles qui s'accrochent encore se mélangent aux verts tendres ou foncés.
Elles résistent encore aux assauts de la saison qui égrène le temps qui s'emporte doucement. Ou trop vite.
Un patchwork de belle composition, lachant toutes ses dentelles. Le bord des chemins sont entrés dans les plus belles coutures. Des mélanges qui ne dérangent ni ne gênent. Le regard s'illumine par tant d'empressement "nature".
La nature nous sourit et on ne peut résister. Elle nous oblige à y répondre.
On se laisse endormir. Capturer. Envoûter par tous ses débordements.
Même l'eau qui s'emporte déborde de générosité lorsqu'elle froisse sa robe sur le fond et les bordures. Clapotis ou bruit de pages qu'on tourne, elle mêne la danse dans nos oreilles. On ne veut plus rien entendre d'autre.
Parfois, la forêt de feuillus se coupe en deux. On change de côté, ou bien on reste sur sa ligne. Pourtant, un pont c'est une vraie tentation. Se laisser conduire plus en avant, car l'inconnu est toujours devant. Et plus loin...
La tentation est trop forte. Le curieux forcera toutes les barrières.
Allez, encore un morceau...
C'est sur l'une de ces branches qu'un rouge-gorge est venu me causer. Je lui ai répondu, et il a osé descendre plus bas. Toujours plus bas. Il ne m'a pas chanté un couplet, seulement attiré mon attention. Juste un tout petit sifflement, dès que je faisais mine de m'éloigner. Un sifflement qu'on ne peut entendre que si on est attentif à la chose. A monter et descendre il n'a cessé de jouer. Rien que pour moi. Je voulais bien le garder dans mon appareil. Seulement, ce vif petit animal était plus préoccupé par mon manège. Et mon propre sifflement qui n'avait rien à voir avec le sien.
Je lui ai bien demandé d'arrêter de bouger, mais il m'a répondu qu'il ne s'avait pas trop faire ça...
J'aurais bien prolongé mon voyage nature avec lui, mais le soleil s'en est allé petit à petit, et je me trouvais trop loin de chez moi pour lui tenir compagnie plus longtemps.
Ce sentier s'appelle "le sentier des Ecureuils", et il s'allonge sur 8 km de marche. Une bien belle balade.
Il y a bien des écureuils, mais pas trop visibles lorsqu'ils sentent les pas humains. En France, ces petites bêtes sont plus craintives qu'au Canada....
Je ne désespère pas de les rencontrer, un jour je m'échapperais par ici, dès l'aube... leurs cueillettes sera la mienne.
C'est toujours le Renaison...