La vieille dame...

Publié le par sonja

Elle est toute menue. Elle semble fragile. Prête à verser une larme. Ses cheveux blancs mi longs, tombent sur ses épaules. Elle n'est pas soucieuse de son aspect. Derrière ses larges lunettes, de petits yeux, ouverts sur des pensées lointaines. On peut y lire la souffrance d'un passé qu'elle ne peut oublier. D'un revers de la main, elle dégage son front d'une longue mèche qui gêne. Un geste qui demeure gracieux, malgré le temps qui est passé sur elle. Les agressions du temps ont sillonné ses joues et son front. De longues rides courent sur son visage. Un sourire figé qui ne trompe pas, accentue toute la tristesse qui l'habite.
Son corps décharné s'est habillé de sombre.
Elle s'est emparé d'un stylo pour des mots aligner sur une petite feuille. De quoi occupe-t-elle sa vie, depuis si longtemps en solitaire ? Elle ne semble plus s'inquiéter de ce qui l'entoure. L'histoire de ce monde n'est sans doute plus son problème.  Comment peut-on reprocher à la vieille dame ce réflexe, alors que nous l'avons abandonné à sa solitude ?
Elle possède la beauté intérieure, restée impregnée sur les traits de son visage.
D'elle j'ai voulu m'approcher, pour son age cueillir. Elle avait presque oublié ses 79 ans. Non ! je crois bien que je l'ai un peu effrayée. Depuis si longtemps dans sa vie remplie de silences, mon geste amical a du la surprendre. Sa confiance, depuis tant de temps sur les routes du quotidien, elle a perdu.
Petite dame fragile, aux gestes délicats, vous m'avez touchée...
Votre départ précipité me permet de mesurer votre grande souffrance. Elle n'est pas timide... non, seulement sur ses gardes devant l'inconnu. Depuis trop longtemps plus personne ne s'est inquiété de son sort. Comment peut-elle imaginer que cela pourrait changer, là, tout de suite ?
Son regard sur les choses et les gens, c'est en elle même qu'elle va les chercher. Ses souvenirs s'imposent tout au long de ses journées. Elle a tout son temps... Elle ne craint plus rien. Ses pensées sont sans cesse alimentées par le monde qu'elle s'est construit au fil des années.
Elle s'est forgée une carapace protectrice.
Elle affiche une vieillesse paisible. Bien que possédant des tourments dissimulés. Elle est toute de pudeur rentrée.
Je l'ai laissée partir, car j'ai ressenti sa crainte d'être interrogée.
Etant une habituée de ce lieu public,  je sais que nous serons de nouveau amenées à nous rencontrer.
Et mon regard s'attardera encore une fois, sur la vieille dame qui parle avec son corps et son visage.
J'irais cueillir sur ses traits, le message de la vieillesse. Ne jamais oublier ces années qui se succèdent. Avoir l'oeil généreux pour ceux qui s'éloignent dans la vieillesse...
Pour ne pas partir dans la solitude que l'on n'a pas choisi.
La vieille dame on a oublié...
Sa barque s'est éloignée du rivage. Sans doute ne pourra-t-elle plus revenir. Et très vite, de nos pensées elle sera effacée.
Elle me rappelle que dans notre pays, c'est dans une maison de retraite qu'on l'y dépossera...
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