L'ours et le loup... quelle place pour eux ?

Publié le par sonja

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Lorsqu'on pense loup ou bien ours, on a à l'esprit toutes les contestations possibles venant alimenter la controverse. 
Juste le temps du reportage, ces deux animaux, rien que pour le plaisir de mieux saisir leur possible présence en Europe...
Et "Terre Sauvage", une fois de plus nous emporte dans les forêts d'ici ou là...
En Europe, 40% des populations de grands carnivores sont transfrontalières : aux programmes nationaux se sont donc ajoutées des initiatives ciblées, dont Life-Coex, pour la France (45 546 km2, l'Italie (11 212 km2), l'Espagne (30 000 km2), le Portugual (5446 km2) et la Croatie (11 800 km2).

Direction le parc naturel de Somiedo. Soixante kilomètres au sud d'Oviedo (Espagne), Pola de Somiedo, bourgade sans âme au coeur du parc naturel régional, abrite les maisons du Parc et de la Fondation Oso pardo (Ours brun).
Les gardes collaborent avec la police de l'environnement pour la surveillance du site, notamment des trois zones en réserve intégrale; où toute activité est interdite sauf... la chasse, strictement encadrée. Une trentaine d'ours et deux meutes de loups vivent sur trois vallées profondément entaillées, aux pentes fortes. Les sols sont nus ou couverts e feuillus (frênes, chênes, chataigniers), sous lesquels vivent et se nourrissent les ours à l'automne. Plus haut, des priaires herbeuses où ils broutent au printemps.
Au-delà, des éboulis calcaires couverts de nerpruns, arbrisseaux jaunêtres dont les plantigrades raffolent. Et des villages minuscules, des ruchers, de petites routes, quelques chevaux en semi-liberté et des éleveurs de bovins, dont Carlos Cobrana Lopez, maire de Valle del Lago : "Les éleveurs, comme en France, ont une aide financières pour l'implantation en montagne, la prévention des prédations (chiens de protection, clôtures électriques...) et l'indemnisation, fixée selon le marché, revue tous les trois mois, et bonifiée en cas de présence dans un espace protégé." En 2007, Carlos a perdu cinq veaux à la suite d'attaques de loups. 
En attendant, il faut bien reconnaitre que le loup a son utilité. Il contribue à l'équilibre des milieux en tuant pas mal de sangliers, ajoute-t-il.
Quand à l'ours, il ne pose "aucun problème". D'ailleurs, Carlos ne l'a pas vu depuis dix ans. En fond de vallée, Pola de Somiedo vit désormais des touristes que draine le parc. Un week-end de début novembre, hôtels et restaurants affichent complet. "Grâce à l'ours, car les touristes se pressent pour le voir ! Seul l'hiver est calme, quand les ours dorment", assure José Antonio Alvarez Nieto, aubergiste.
"L'ours est une chance pour la bonne réputation échologique du territoire et du developpement". Inutile d'évoquer les nuisances potentielles de l'animal, les habitants se le sont approprié.
"Il serait dangereux si on le dérange avec ses petits, et alors ? Si tu t'approches de mes petits à moi, tu vas voir comment je vais réagir !"; fulmine José Antonio.
Dans le parc naturel voisin de las Fuentes del Narcea, ours et loups vivent dans des réserves intégrales ou partielles, non loin des routes, dans des entrelacs de forêts et de mines de charbon. Près de la réserve de biosphère de Munillos, les petits troupeaux d'ovins sont surveillés et protégés par des chiens, les ruchers sont entourés d'un haut mur de pierres, les cortines. Pour le reste, ni cris ni drame. Conchi Lago, guide à la réserve, ne sait même pas combien il y a de loups et d'ours dans l'aire protégée. Simplement car les carnivores ont toujours fait partie du paysage.
Spectacle étonnant plus au sud : près de la Sierra de la Culebra, les meutes de loups vivent dans des grandes plaines céréalières.
Retour dans le parc naturel de Somiedo, à Puigceges, où habite, avec ses 200 ruches (40 000 à 60 000 abeilles chacune), l'apiculteur français Stéphane Laurencery. Il note que depuis quatre ans, les dégâts aux ruches se sont multipliés. "Avant la crise de la vache folle, l'ours descendait rarement. Depuis, il manque de rourriture car les dadavres des animaux sauvages sont systématiquement envoyés à l'équarissage. Du coup, il la prend ailleurs. Je renouvelle en moyenne 60 % de mon cheptel tous les ans, avec un maximum de 80 % en 2005". Pour autant, l'apiculteur n'échangera pas ses fragiles fils électriques contre des cortines : "Les ruches sont correctement remboursées (205 euros + 15% de bonus pour attaque d'ours) et aujourd'hui, ce sont les primes liées aux dégâts de l'ours qui me permettent de continuer à travailler". Perversion du système : le maintien d'activités traditionnelles dépend de l'ours et de ses dégâts !
Pourquoi le plantigrade a pu être sauvé par ici ? Guillermo Palomero préside la fondation Oso Pardo, créée en 1992. Cette année là, lorsqu'il débarque en 4L avec ses copains dans les Asturies, il y a eu seulement huit naissances parmi les ours cantabres, qui ne sont plus qu'une quarantaine.
Quinze ans plus tard, l'ours brun est quasiment sauvé. On compte seize naissance en 2007, et Guillermo Palomero préside une association de 38 permanents, dont les ventes de produits dérivés explosent. Succès étrange dans une terre de braconnage...
"Nous avons travaillé en lien étroit avec la police. Cette politique, sévère mais nécessaire, s'est accompagnée d'un durcissement de la loi pour le tueur d'ours, qui est condamné à une lourde peine de prison au moinde antécédent judiciaire", reconnait Guillermo Palomero.

Dans les états où le loups et l'ours n'ont jamais été décimés, la chasse a souvent pris le pas sur les systèmes d'indemnisation officiels. C'est notamment le cas de la Lettonie, où, à force de primes et de surenchères promises aux chasseurs par les éleveurs, les loups n'étaient plus que 17 en 1945.
Revenus à 1 000 quinze ans plus tard, les loups lettons, depuis 2000, font l'objet d'un plan de régulation en accord avec la loi de protection de l'espèce et de ses habitats.
La palme de ceux qui en savent le moins, et qui sont les plus demandeurs d'informations scientifiques, revient... aux chasseurs !
En Autriche, leurs homologues semblent mieux informés, malgré la disparition du dernier ours en 1842. Lorsqu'un plantigrade slovène s'introduit sur le territoire en 1972, la fédération de chasse demande illico presto une réintroduction de femelles, pour que le mâle se sente moins seul !
L'Allemagne, où l'ours a disparu en 1835, se montre moins à l'aise. Une meute de loups installée dans un ancien camp militaire, à la frontière polonaise, inquiète par sa proximité avec les habitations. Et au printemps 2006, JJ1, un rejeton de Jurka, ourse slovène réintroduite dans le Trentin, a semé la zizanie dans le pays. Après lui avoir déclaré officiellement sa "bienvenue", l'Etat a décidé de l'abattre, malgré un tollé dans l'opinion publique. Il fut abattu le 26 juin 2006, dans une station de Bavière, aussitôt boycottée par les touristes.
On peut toutefois noter, que l'intérêt que l'on porte à l'ours n'est pas sans risque. Les gens voient trop souvent l'ours comme des nounours. Ils se font des frayeurs inutiles ou effraient les bêtes au risque de modifier les comportements. Ce processus de synanthropisation est très négatif.
Avec 7 000 ours présents alors que l'optimum est évalué à 4 000, la Roumanie connaît une surpopulation problèmatique. Elle tire son origine de la folie du dictateur Ceausescu, désireux de devenir le plus grand chasseur d'ours de tous les temps. Surprotégés, engraissés, les ours ont pris la fâcheuse habitude de déborder dans les villes, comme Brasov.
La Scandinavie connaît d'autres conflits. Les chasseurs vivent assez mal la concurrence dans la prédation de l'élan, et les dégâts causés par les loups dans les élevages semi-domestiques de rennes ont conduit les Etats à augmenter les indemnités.
L'acceptation sociale est très variable d'une région à l'autre. Elle est plutôt bonne en Suède, où le ministre de l'Environnement envoie régulièrement des protestations officielles à son hmologue norvégien. Les deux pays "partagent" des meutes. Or, dès que l'une d'elles donne l'impression de s'accroître, la Norvège applique systématiquement la poursuite en hélicoptère et l'abattage à la mitraillette. Cette stratégie, plus connue sous le nom de "land and shoot" en Alaska, où 500 loups sont tués par an, anéantit tout embryon de population viable en Norvège. En mars 2001, le gouvernement a ordonné la liquidation de huit des neuf loups de la meute Koppang. Début 2005, la majorité parlementaire a décidé que le seuil de population lupine viable était fixé à trois couples ! Quand à la Finlande, l'opacité de ses licences de chasse pour réguler les populations de loups a conduit la Commission européenne à saisir la cour de justice, qui l'a déboutée le 14 juin 2007, faute de preuves.
Une région d'Italie a longtemps été citée en exemple : les Abruzzes, où les loups et les ours ont toujours été présents. Trois millions de touristes fréquentent annuellement le parc national, régi par un système de zonage avec différents gradients d'activité humaine, de la forte tolérance à la plus stricte protection. Mais la découverte en septembre et octobre dernier de cinq ours et deux loups morts, empoisonnés par des cadavres de chèvres, a été vécue comme une gifle phénoménale. Aucun garde ou dirigeant du parc n'a souhatié s'exprimer. Valeria Salvatori évoque, à demi-mot, des "retards de paiements d'indemnités assez faibles", pour expliquer le ras-le-bol de certains éleveurs. Provisoirement, les Abruzzes ne sont plus un exemple... que sur le papier. Quand au parc national de Brenta Adamello, dans le Trentin, la problématique y est ralativement proche des Pyrénées : 10 ours slovènes ont été réintroduits en quatre ans.
Malgré le désaccord de certains éleveurs, les lâchers d'ours ont été effectués dans une sérénité et une décontraction toutes italienne !
Finalement, le cas de la France est moins préoccupant qu'il n'y paraît. 
Le système d'indemnisation français est sans doute le plus efficace d'Europe, même si la Croatie envisage un système forfaitaire qui évite les "dérapages"  français.
Pour l'heure, mieux vaut être loup en France qu'en Finlande ou en Norvège.
Et un ours Slovène a moins de chances de survivre dans son pays d'origine que dans les Pyrénées !
Le cirque pyrénéen ne saurait s'expliquer par un rejet profond de l'animal. Il tient plus aux maladresses des uns, exploitées par les autres : convocation de la presse aux lâchers, surmédiatisation d'un petit groupe virulent d'anti-ours... L'ours peut-il être durablement et sérieusement tenu responsable des malheurs de la filière ovine, qui vit sous perfusion depuis des années ? Sans doute pas.
L'acceptation sociale du plantigrade n'est qu'une question de temps. Ironie du sort pour les anticarnivores, elle sera facilitée par... le retour naturel du loup !
D'où la nécessité de mener des campagnes d'éducation.
La cohabitation entre hommes et grands carnivores est possible et la recette connue :
1 : laisser de vastes espaces naturels à la grande faune
2 : éviter la pression humaine sur ces habitats naturels
3 : un système d'indemnisation efficace
4 : éduquer, éduquer, éduquer !

Mais les Balkans s'en tirent plutôt bien : Tito a préservé les grands carnivores, toutes les conditions énumérées plus haut sont rempllies, et la sérénité y est plus importante qu'ailleurs.... les populations des Balkans ont connu, ces deux dernières décennies, des prédateurs autrement plus traumatisants. De quoi relativiser, en tout cas, dérochements et réintroductions supposées fatales.
A quel moment pourrions nous considerer que l'ours brun sera sauvé ?
Guillermo Palomero répond :
"En Espagne, quand toutes les terminaisons sociales, économiques, patrimoniales de sa présence seront connues et exploitées par la population locale. En France, quand il aura enfin été exlu de toutes les guerres qui ne sont pas les siennes."

Les grands carnivores cristallisent des conflits de légitimité territoriale et identitaire à travers des oppositions de valeurs correspondant à des représentations, souvent divergentes et polémiques, du monde et de la place de l'homme dans la nature !
En raison de leur caractère symbolique et du fait de la large médiatisatioin dont ils bénéficient, les loups et les ours se trouvent donc enrôlés dans des histoires qui ne les concernent pas toujours directement.
L'interêt des efforts accomplis pour la cohabitation passe aussi par une meilleure compréhension des dimensions écologiques

 

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N
Il est intéressant cet article .je ne pensais pas que l'ours avait des difficultés comme^¸ca et je crois qu'il n'a aps assez d'espace.A+
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B
coucou sonjal'homme prend trop de place et grignote petit à petit l'espace vital des autres espèces !bises de soirbéa
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M
Bonne après midi<br /> <br />
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A
Il faut les laisser libres et vaquer dans leur espace naturel. Il faut surveller leur nombre et  réguler leur prolifération s'ils deviennent dangereux pour l'homme. Bonne journée Sonia, gros bisous
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C
Je ne comprends pas personnellement que l'on ne laisse pas vivre ces animaux tranquille ils ont droit à la liberté et aux espaces de nos montagnes comme nous, peut être pas dans les mêmes proportions que d'autres pays plus grand, mais tout de même y a de la placebonne journée
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